TERRA CORPUS
L’esprit et le corps constituent-ils toujours une unité ? On a tendance à penser depuis plusieurs décennies maintenant que l’Homme a délaissé son corps, le vrai, celui qui le représente vraiment, au détriment du corps fantasmé. Celui vécu de l’intérieur et non celui dans lequel il est en représentation permanente. Façonner ses courbes face à des attentes sociétales toujours plus exigeantes est devenu un exercice de style. Paraître plus jeune, plus beau, plus sexy, quitte à n’être plus soi-même ! Qu’importe ! Mais il faut reconnaître que le corps s’offre au regard. Ce qui lui confère, à regret, une dimension d’objet. En fait, l’important ce n’est pas le corps que j’ai mais le corps que je suis. Car un corps, quel qu’il soit, est beau pour la simple et bonne raison qu’il est vrai. D’ailleurs, le corps n’est que le refuge de l’âme, et c’est par elle que sa beauté rayonne. Car il faut l’avouer, la beauté de l’apparence n’est que l’expression du charme du moment. Seulement, la vérité est que le corps est matière. Matière d’identité avant d’être matière première, sans aucun doute, mais il est l’item qui relie à la vie. Il est celui qui, à un moment ou un autre, nous permet de distinguer l’essentiel ! Sans tricher ! Se retrouver nu, le corps caressé par les éléments, est une manière d’accepter d’être en harmonie avec soi-même. Et pourquoi pas d’être heureux ! Qu’importe l’âge et le fait que le corps soit affaibli par le temps qui passe. On se doit d’accepter ce qu’il advient de nos formes. La terre, le sang, le corps sont l’ultime quête d’un retour aux origines. La terre comme une deuxième peau qui façonne et emprisonne. Qui oblige à s’écouter et à mettre en sommeil l’être de surface. C’est elle qui crée l’intemporalité. De la poussière à la poussière. Mais elle n’est pas la matière, elle la met seulement en valeur afin de représenter l’essence de l’être. D’un buste, d’une statue à la couverte burinée et rugueuse elle va donner ainsi vie. Que d’aucuns rêvent éternelle ! Gil Lorfevre